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«L’alpiniste
n’est pas celui qui entreprend uniquement des courses extrêmes,
nécessairement pendant une courte période de sa vie. A mon
avis, c’est plutôt celui qui, dans la durée, est lié
à la montagne, dans son acceptation la plus large, en tant qu’idéal
et manière de vivre»
Cette définition de l’alpinisme (relevé dans le livre
de Anderl HERMAIR «ALPINISTE», vainqueur de la face nord de l’EIGER
en 1938) semble convenir à merveille à Jean COUSTE. Quelques
anciens l’ont peut-être connu, sinon le texte que Madeleine, son
épouse, nous a gentiment transmis après son décès,
vous déjà donné une idée du montagnard qu’il
a été.
Toutefois je voudrais apporter quelques souvenir plus personnels ! Ne croyez
pas qu’il s’agisse de ces fleurs ou de ces «superlatifs»
qu’on a trop coutume d’entendre à de nombreuses sépultures.
Ce «coup de chapeau» , Jean le mérite amplement.
Juste le témoignage sincère d’un jeune émigré,
débarquant à Bourg St Maurice il doit y avoir 38 ans, ne sachant
ni skier, ni grimper, tout juste marcher… Quelques jours de recherche
suffisent débusquer le responsable des activités alpines et
Jean et Madeleine (obligé de les nommer ensemble car ils sont inséparables,
dans la vie comme en montagne et dans les actions qu’ils mènent
au club) me reçoivent chez eux. 1er surprise : Jean a un accent du
midi ! Ce n’est donc pas un borain, et ni même un savoyard qui
est président de ce club montagnard. Bizarre mais il faudra faire avec
!
Mais très vite nous sympathisons car Jean connaît la montagne
et surtout je sens qu’il aime à faire partager cette connaissance.
C’est important, et je vois de suite que je suis tombé sur la
bonne adresse ! Mais Jean me met gentiment en garde car il connaît les
dangers. Avec lui, pas question de brûler les étapes ! Il faut
faire ses classes et nous enrageons de ne pas partir tout de suite dans les
grandes courses de Chamonix. Peut-être aussi faut-il rappeler que la
communauté montagnard de BSM venait d’être gravement endeuillée
par une série d’accidents, et qu’une certaine prudence
était de rigueur.
Je vois que si Jean est accueillant, il sait aussi être patient. Ce
sont toutes les classiques du coin qu’il nous fait découvrir,
à pied, à ski, en crampons,… Au travers des ribambelles
de collective que nous retrouvons aujourd’hui avec autant de plaisir
au programme : le Clappet, le Miravidi, le Franchet, P.Menta, la Nova, l’Aiguille
Rouge à ski, Bellecôte, Mt Pourri bien sur, sans oublier l’aiguille
des Glaciers (qui restera un lieu de mémoire), rallye CAF-CAI, puis
des tentatives au Mt Rosse avec Henri Emprin, déjà très
dévoué au club.
Jamais nos salaires ne nous auraient permis de prendre un guide ! aussi apprécions-nous
cette structure qui apparemment tournait toute seule, croyait-on de prime
abord ! Un vrai service public en quelque sorte ! Bien sûr nous apercevions
bien une petite poignés de personnes qui « faisait tourner la
boutique », mais notre problème n’était pas la !
Mais plutôt : Où irons nous dimanche ? Qui va nous piloter ?
Et fera-t-il beau ?
Evidement tout ne marchait pas toujours comme nous l’aurions voulu,
surtout quand nous doublions la cordée des chefs dans les grands couloirs
et que Jean nous engueulait ! Nous voulions tout avaler très vite,
trop vite peut-être. Alors Jean nous apportait sa modération,
son calme, sa prudence au travers de son expérience. Peut-être
lui devons-nous d’être encore en vie aujourd’hui, qui sait
?
Mais avec du recul, c’est grâce à de tel personnage, modeste,
tenace et exigeant que le relais peut exister dans des clubs tel que le nôtre.
Pas de grand exploit, mais une présence de tous les jours, et un accueil
avant tout !
J’associe à fond Madeleine à tout ce travail que Jean
a fait pendant ses quelques années à la présidence du
club de BSM qui depuis s’est élargie à toutes la Tarentaise…
Un cafiste.
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